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Scènes de la vie blidéenne

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Paule ZANETTACCI
 

Après des kilomètres de petits pas,

il déballait sur le perron de notre maison

des trésors de quincaillier

pour toute une année.

 

 

Monsieur le Professeur,

disait-il à mon père,

des stylos, du cirage, des reliures.

 

Madame le Professeur,

continuait-il pour ma mère,

des chiffons, du shampoing,

des brosses à reluire.

 

Mademoiselle le Professeur,

finissait-il par moi,

des tabliers, des peignes pour poupées,

du jasmin.

 

Il repartait

dans une aura parfumée à la citronnelle,

à l'antimites.

 

Courbé sur sa voiture à bras,

il saluait tout et tout le monde.

 

Peu à peu, les ans le cassaient,

me grandissaient.

 

Il venait de plus en plus rarement.

 

Il ne vint plus du tout.

 

Je le rangeais

avec les figurants de mon enfance.

 

À des années de là,

il réapparut dans le rêve :

aussi vieux, aussi petit, aussi déférent.

 

Il sort de sa malle peau de chagrin

les produits du souvenir, et,

régulièrement, en quelques gestes

il dégraisse la mémoire de ses décennies superflues.

 

Au milieu d'ustensiles périmés,

d'essences figées,

je me retrouve à piétiner d'impatience

sur le perron de mon existence.

 

 

 

Pouvoir de commis-voyageur.

 


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créé le 8 mars 2008     révisé le 28 avril 2008